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LETTRE TRENTE-HUITIÈME


de cet excès de prévenance : il y a des caractères si mal faits !

Je me fie, du reste, pour donner le change à ses soupçons, si par hasard il osait en concevoir, à ton talent éprouvé de comédienne ; c’est le cas ou jamais de le mettre à profit.

Ta corbeille est magnifique, ma chère, et ton mari a galamment fait les choses. Cet homme-là a beaucoup de bon, sais-tu ; il mérite d’être aimé, et je ne doute pas qu’il ne te fasse promptement oublier le Lucien.

Je ne te parle pas de mon mariage, et c’est tout simple ; quoi t’en dire ? Je m’achemine paisiblement vers le but marqué ; l’imprévu, l’inattendu, n’ont rien à démêler avec moi. Je te dirai, si tu veux, que Monsieur ne sait plus sur quel ton chanter son amour ; il en est arrivé à l’adoration, au fétichisme ; j’attends qu’il me dresse un autel, et qu’il m’encense. Je me laisse faire avec un admirable sang-froid.