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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


plaisirs que nous goûtions ensemble, il faut maintenant s’en sevrer, ce qui serait bien dur, ou en jouir seule, ce qui leur ôte presque toute leur saveur. Enfin !…

Qu’est-ce que vous dites, mademoiselle ? Si vous saviez que je vous eusse remplacée dans mes affections, vous me dénonceriez à madame ! D’abord, apprenez que madame, et par contre-coup monsieur, sont tellement entichés de moi, que rien de ce que vous pourriez leur dire à ce sujet ne leur ôterait la haute opinion qu’ils ont de mon austère vertu ; ils traiteraient tout bonnement vos dires d’horreurs fabuleuses et de calomnies ; ensuite, vous saurez, méchante rapporteuse, que depuis votre départ, toutes les grandes qui sont restées ou toutes celles qui sont venues sont si laides, si plates, si maigres, si mal bâties ou si déplaisantes, que quand bien même j’aurais osé concevoir la coupable pensée de vous en substituer quelqu’une,