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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


X… me barre le passage et me pousse, pour ainsi dire, sur les planches.

Me voilà devant tout ce monde, et en face de Lucien ; il se fait un murmure dans la salle, il me semble entendre bourdonner à mes oreilles : Dieu ! est-elle gentille ! Ses yeux, à lui, me confirment cette assurance. Mon courage renaît, la mémoire me revient, je parle ; ma voix, basse et tremblante d’abord, s’affermit peu à peu ; un mot, dit avec beaucoup de naturel, m’attire d’unanimes bravos. Ah ! je respire… La montagne qui pesait sur ma poitrine prend des ailes et s’envole. À partir de ce moment, je vais, je viens sans embarras, mon ton est assuré, et lorsqu’arrive ma grande scène avec Lucien, je retrouve, sous la flamme de son regard, mes inspirations de la veille ; les applaudissements éclatent de toutes parts, on nous décerne une véritable ovation.

Je me complais, chère Albertine, à te con-