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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE

Les rôles qui nous sont échus dans la comédie de X… nous viennent merveilleusement en aide à tous les deux pour le but que chacun de nous poursuit. Il n’en est, lui, que plus empressé, plus pressant surtout ; sous le couvert de son personnage, il déploie des ressources infinies d’esprit et de séduction, et moi, m’abritant, de mon côté, sous mon ingénuité d’emprunt, car je joue, — je me dois cette justice, — presque aussi bien que toi la vertu indignée, je le désespère à plaisir, je ne parais pas le comprendre, je le mets hors de lui, à chaque instant, par mes naïvetés calculées.

Il est trop fin, sans doute, pour s’y laisser prendre entièrement ; cependant il est tout dérouté, il ne sait au juste à quoi s’en tenir ; il en est à se demander s’il a véritablement affaire à une petite sotte, à une Agnès renforcée, ou bien à un rusé lutin qui se plaît à le tourmenter.