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Et Victor Hugo lui répondit :

Tu graves au fronton sévère de ton œuvre
Un nom proscrit que mord en sifflant la couleuvre ;
Au malheur, dont le flanc saigne et dont l’oeil sourit,
À la proscription, et non pas au proscrit,
— Car le proscrit n’est rien que de l’ombre, plus noire
Que l’autre ombre qu’on nomme éclat, bonheur, victoire :
À l’exil pâle et nu, cloué sur des débris,
Tu donnes ton grand drame, où vit le grand Paris,
Cette cité de feu, de nuit, d’airain, de verre,
Et tu fais saluer par Rome le Calvaire.
Sois loué, doux penseur, toi qui prends dans ta main
Le passé, l’avenir, tout le progrès humain,
La lumière, l’histoire, et la ville, et la France,
Tous ces dictâmes saints qui calment la souffrance,
Raison, justice, espoir, vertu, foi, vérité,
Le parfum poésie et le vin liberté,
Et qui sur le vaincu, cœur meurtri, noir fantôme,
Te penches, et répands l’idéal comme un baume !
Paul, il me semble, grâce à ce fier souvenir
Dont tu viens nous bercer, nous sacrer, nous bénir,
Que dans ma plaie, où dort la douleur, ô poète !
Je sens de la charpie avec un drapeau faite.

Pour un drame historique et cyclique tel que Paris, il est bon d’ajouter au témoignage du grand poète celui du grand historien. Le lendemain de la première représentation de Paris, Michelet écrivait à l’auteur :

« Cher ami, — je vous ai vu marcher hier, pendant cinq heures, sur la corde tendue, d’où tout autre serait tombé ; — tiré d’une