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devrait consacrer par une inscription ; car, non seulement Victor Hugo l’a habité, dans le rayonnement de ses jours les plus heureux, mais c’est là que toute la génération glorieuse a passé.

Dans l’église Saint-Paul, qui met son ombre sur le collège Charlemagne, de chaque côté de la porte d’entrée, les dévotes puisent de l’eau bénite dans deux conques énormes, offertes par Victor Hugo, au temps de notre jeunesse. Sans être de grands dévots, en 1840, nous entrions parfois, en été, dans l’église, pour y attendre, au frais, l’ouverture du collège. Plus d’un de nous a trouvé son diable dans ces bénitiers et s’est signé avec cette eau qui lui semblait consacrée par Victor Hugo, pour se donner le courage d’aller sonner à l’hôtel Guéménée.

Je ne traverse jamais la place Royale, dans le voisinage de laquelle la destinée m’a fixé, comme pour donner à ma vieillesse le crépuscule de mes dix-neuf ans, sans que je regarde avec inquiétude si rien n’est changé dans le coin fameux des arcades, et sans que je proteste contre cette inscription de place des Vosges, qui biffe l’histoire séculaire pour l’histoire depuis cent ans, et qui offense nos souvenirs.