tous les sommets que la pensée et que l’art illuminaient ; il n’a jamais songé à ceux qu’il faut gravir par des échelles ou des tréteaux. Il a été en prison, en exil ; il est un des premiers journalistes de ce temps-ci, un des rares écrivains, au jour la journée, dont on puisse recueillir les articles pour faire un volume philosophique et littéraire, comme on l’a fait sous ce titre, Hier et Demain ; il a reconquis au théâtre la place qui lui était due ; le succès ne l’a pas déridé plus que la persécution ; il souriait autant à la Conciergerie que le soir de cette reprise glorieuse de Jean Baudry ; mais il n’a jamais songé qu’un ruban rouge à sa boutonnière pût ajouter à son prestige ; qu’il serait plus grand poète en se mesurant à l’Académie avec M. Maxime Du Camp, ou plus républicain en se faisant nommer sénateur ou député. Il n’a jamais été et ne sera jamais candidat à rien ; c’est là son insatiable ambition.
À Jersey, il se fût trouvé heureux, sans les buées de l’empire qui arrivaient jusque-là, sans les douces odeurs de la terre natale qu’on ne respirait plus. Il tenait fièrement et doucement sa place à ce foyer où l’on tisonnait avec les fers des Châtiments.