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Je sais bien qu’un biographe est suspect, quand la continuité de la louange peut faire croire à un parti pris ; aussi je suis heureux de m’interrompre pour laisser parler à ma place un étranger, le grand poète anglais Swinburne, qui s’exprime ainsi dans l’importante revue littéraire de Londres, The Academy :

C’est avec un relief plus accusé, plus vivant que ne lui en ont donné Shakespeare ou Marlowe, que se dresse la grande figure du faiseur de rois, Warwick. Son âme haute et chevaleresque forme avec le caractère abject et égoïste du prétendant un contraste dont l’effet superbe n’a jamais été surpassé sur aucune scène. On en peut dire autant de l’effet produit par la mise face à face des deux héroïnes, la femme et la jeune fille. Des quatre personnages sur lesquels repose l’action de cette pièce, trois sont des types d’héroïsme. Ni au théâtre ni ailleurs, on ne trouverait de contraste plus délicieux que celui des deux amies rivales. Fletcher, qui, de tous nos poètes, s’est le plus appliqué à de semblables effets, n’a jamais réussi d’une façon aussi brillante dans ce qui était sa qualité principale. Plus haut encore et au-dessus de toute comparaison avec les tentatives analogues du même poète, il faut placer ce grand triomphe de l’art tragique qui met en face la perfidie du roi et la noblesse du faiseur de rois.

Une acclamation, en quelque sorte universelle, a déjà consacré la grande scène du troisième acte, dont l’originalité la mieux marquée, l’art le plus magistral, la passion la plus véhémente font l’un des plus grands triomphes de la poésie dramatique.

En parlant du journaliste, j’ai déjà parlé du