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tiens aux pièces qu’il a faites seul, Tragaldabas, Souvent homme varie, les Funérailles de l’honneur, Jean Baudry, le Fils, Formosa.

On sait quelle chute glorieuse eut Tragaldabas. Ceux qui tiennent à lui reprocher d’imiter Victor Hugo peuvent se satisfaire, en disant qu’il a été presque autant sifflé que lui.

Tragaldabas n’a qu’un tort : c’est la persistance d’une ironie contre les sots, qui ne se dissimule point assez pour ne point les ameuter. Le sujet est digne de Shakespeare dans sa haute et charmante fantaisie. Un amoureux veille sur le mari de sa maîtresse, de peur que sa maîtresse ne devienne veuve par suite de quelque accident et ne l’expose à transmuter l’or de l’amour en plomb conjugal. Mais le mari si soigneusement protégé n’est pas le mari ; la belle est restée fille, et, pour mieux piper un mari dans les gluaux d’un amant, feint d’être mariée ; de cette façon, elle est plus libre, plus convoitée. Tragaldabas est l’enseigne qui l’achalande. Ce Tragaldabas, qui a assez d’esprit pour être un sot, se prélasse dans son rôle ; il en abuse et, poltron plus qu’un lièvre, se lance à corps perdu dans toutes