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Dans ses volumes de poésie, dans ses volumes de prose, dans les Profils et Grimaces, ces études de critique si fines, si fortes, si alertes, dans les Miettes de l’histoire, qui ont été la saveur du pain de l’exil, dans son théâtre, Tragaldabas, Souvent homme varie, les Funérailles de l’honneur, Jean Baudry, le Fils, Formosa, Vacquerie est absolument libre, personnel, original ; et si je poursuivais la démonstration jusque dans l’œuvre si considérable du journaliste quotidien, du polémiste, on verrait que, sans contredire Victor Hugo, il en est si différent, il le côtoie sur une ligne si parallèle, qu’il pourrait ne l’avoir jamais connu, sans posséder un talent ou plus faible ou plus original.

J’ai dit que Vacquerie était un homme d’un esprit intarissable ; sa verve quotidienne le prouve. Il a la source vraie, limpide, âcre, coulant franchement. Mais l’esprit en prose est moins rare et moins attrayant que l’esprit en vers. C’est celui-ci qui donne à la poésie d’Auguste Vacquerie sa saveur spéciale. J’ai bu en Hongrie des vins doux à la bouche, un peu âpres au gosier. Ils charment d’abord, ils réveillent ensuite. Si je citais quelques-uns des morceaux piquants, mordants, d’une irré-