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C’est le privilège du génie, et c’est même un de ses signes distinctifs d’avoir des clients étroitement liés à sa vie ; mais c’est une des gloires et une des joies de ces clients de l’idéal, qu’ils ne courent jamais aucun risque de s’absorber dans la grande lumière qui les aspire.

Je dis jamais. En effet, dans les arts, dans les lettres, ceux qu’on appelle les maîtres ont ce monopole de ne pouvoir faire des élèves. Les artistes et les écrivains de second ordre ont seuls une classe et des écoliers.

Vacquerie, dans une pièce adressée à son ami Paul Meurice, au début de ce volume, Mes Premières années de Paris, dit excellemment :

Ce fut ma bienvenue et mon bouquet de fête
De te trouver logé dans le même poète.
Notre amitié naquit de l’admiration.
Et nous vécûmes là, d’art et d’affection,
Habitants du granit hautain, deux hirondelles,
Et nous nous en allions dans l’espace, fidèles
Et libres, comprenant, dès notre premier pas,
Qu’on n’imitait Hugo qu’en ne l’imitant pas.

Auguste Vacquerie a satisfait sa passion littéraire, en aimant, en admirant Victor Hugo ; il a servi sa raison, son talent en ne cherchant pas à devenir un de ces clairs de lune qui ne sont les reflets que des faux soleils.