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ont une allure sombre, une ironie de blasé. C’était convenu.

Il en est de la première mélancolie comme du premier essai de cigare. On s’y applique par désir de paraître un homme ; parfois on se donne réellement mal au cœur, et certains cœurs faibles gardent toute leur vie le malaise contracté d’abord par vanité.

Mais quand, par bonheur, et l’on pourrait presque dire par hasard, il y a un homme d’un prodigieux esprit dans le poète, ces mélancolies restent un tintement harmonieux du début, sans tirer à conséquence. La véritable tristesse que donne plus tard la vie raille et égayé cette fausse tristesse de vingt ans. La nature, mieux comprise et plus nécessaire, révèle ses consolations. La société provoque le citoyen dans le rêveur ; l’action force la pensée à se maintenir haute et droite, au milieu de tous ces souffles qui s’entrecroisent, et le poète chante pour ne pas pleurer, comme il pleurait jadis pour ne pas chanter.

A. Vacquerie a raconté, dans Mes Premières années de Paris, comment son admiration pour Victor Hugo fut l’aimant qui l’attira de province et le fixa invariablement à Paris.