Auguste Vacquerie, en veillant avec cette ténacité qui lui prend la moitié de ses journées et la moitié de ses nuits, reste donc dans son emploi de poète et de grand lettré.
En consultant sa biographie, on ne peut pas dire non plus qu’il ait quitté la poésie pour le journal ; car il était journaliste avant de s’annoncer comme poète. Il avait débuté dans Vert-vert, dans la France littéraire, avant de publier l’Enfer de l’Esprit. La vocation de la critique chaude, intraitable, a commencé sa vocation de polémiste. Je parlerai plus loin de ses livres ; je m’en tiens à son action actuelle. Elle a été décidée par toute une jeunesse consacrée à la lutte pour l’esprit, dans le Globe, dans la Presse de Girardin à ses débuts, dans l’Epoque, où il ferraillait intrépidement contre la routine, l’académie, les pédants.
En 1848, devant le pavé rouge des journées de juin, le poète se reprocha de s’en tenir à la poésie spéculative. « Les poètes de ce siècle, dit-il, se donnent à la chose publique tout entiers, vies et pensées, la main qui écrit et la bouche qui parle, le front et la tête. »
L’Evénement est fondé. On sait comment ce journal républicain fut supprimé sous la