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reposent, ses injustices conscientes et sa croyance obstinée dans la justice, avec ses contradictions, ses fautes, ses sagesses, ses folies, ses trivialités, ses utopies, le journalisme est l’expansion la plus attrayante pour un homme essentiellement humain.

C’est pour cela qu’il est la tentation de tous les grands esprits de notre temps. Chateaubriand lui confiait ses haines, Lamartine ses illusions, et si Victor Hugo ne s’est pas fait journaliste, c’est qu’il n’a pas le temps ; c’est qu’il a ses annales à lui, et que son action s’exerce, comme s’est exercée celle de Voltaire, à travers tout, et que, remuant les têtes qui écrivent, il n’a pas besoin de remuer des feuilles en y écrivant. D’ailleurs, Victor Hugo et le Rappel sont unis par une sympathie qui équivaut à une collaboration.

Auguste Vacquerie a donc raison d’aimer son état avec une passion qui ne le rend aucunement infidèle à la poésie. La gymnastique, qui semble prendre toutes ses forces, les augmente, et sa façon même de diriger le journal prouve que pour être un journaliste excellent, il faut rester un écrivain soigneux, littéraire, un artiste délicat.