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force que les actions héroïques. Que dis-je ? l’héroïsme, c’est ce renoncement aux grands gestes, pour le geste d’un homme apprêtant tous les jours son arme et faisant modestement sa faction ; modestie à la taille de celle d’un Latour d’Auvergne, simple grenadier, quand il pourrait commander, laissant passer sans amertume et saluant parfois d’un vivat ceux qui vont se faire galonner généraux.

Faut-il plaindre ou blâmer ce poète de n’être que journaliste ? cet amant passionné de la grande prose de s’être marié à la petite prose ? ce tragique de s’arrêter aux grotesques ? Non. Je le loue, au contraire, et je l’envierais plutôt de s’en tenir à ce vœu rigide.

Le journal, quoi qu’on fasse, reste l’arène par excellence pour l’esprit vaillant, et le tableau infini dans sa variété pour le contemplateur.

On a usé, jusqu’au dernier fil de clinquant, les vieux mots à chamarrures, d’apostolat, de pontificat, appliqués au journalisme. Joseph Prudhomme lui-même n’oserait plus s’en servir. Le journal n’est ni un tabernacle ni un autel ; ce n’est pas non plus une tribune, bien qu’on en mette partout. C’est moins que cela