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il écrit, par an, 365 articles, qui sont des œuvres de style, quelquefois des chefs-d’œuvre d’ironie, et toujours des œuvres de grande sincérité.

Auteur dramatique puissant et applaudi, poète original, critique charmant et implacable, il n’aurait, dans les loisirs d’une vie de famille heureuse et élégante, qu’à écrire uniquement des livres pour continuer ses succès, pour les augmenter.

Il aime mieux s’enfermer tous les jours, depuis deux heures de l’après-midi jusqu’à une heure du matin, dans un cabinet muet et sombre, pour lire un tas de prose médiocre, y piquer des idées absurdes à réfuter, des débats stériles à faire fermenter. Il aime mieux emprisonner sa vie libre dans ce régime cellulaire, combattre, dans le silence et sans l’excitation des applaudissements, le même combat qui ne finira jamais, contre l’erreur, pour la vérité et la liberté, sans rêver le repos dans la victoire, sans se donner un but final d’épanouissement égoïste.

C’est l’assouplissement admirable d’une volonté énergique à cette continuité des petits devoirs bien remplis, dont parle Jean-Jacques Rousseau, et qui ne demandent pas moins de