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souvent elles alternent. Le journal est un moyen de publicité personnelle, pour achalander ses talents. On le quitte quand on a son tarif, pour devenir député, sénateur, ministre… Ceux qui persistent ou qui cumulent sont retenus par le bulletin financier, et non par le bulletin politique, encore moins par le bulletin littéraire. On a vu des hommes d’esprit, en passe de devenir des hommes d’Etat, rester les propriétaires d’un journal qui combattait leurs opinions, mais qui faisait fructifier leurs intérêts.

Un journaliste, n’ayant d’autre ambition que son journal, s’y renfermant par honneur et par fierté, refusant tout, ne se prêtant à aucune vanité de place, de ruban, de tribune, dépensant dans un labeur quotidien, mais non routinier, toujours nouveau et toujours égal, de l’esprit, de la logique, de l’éloquence, de la poésie, sans tarir aucune source ; voilà le phénomène devenu très rare, et voilà précisément l’originalité d’Auguste Vacquerie.

Il pourrait faire flamber sa gloire au dehors : il la concentre en une lumière voilée, en une lampe de travail qui s’allume de bonne heure, qui s’éteint très tard, et à la lueur de laquelle