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PRÉFACE


Si nous avons besoin de quelques lignes de préface, ce n’est pas pour expliquer le but et les intentions des articles réunis dans ce volume. Nous nous sommes toujours efforcé, au défaut d’autre mérite, d’assurer à nos opinions l’avantage de la sincérité et de la précision. Mais, tout ce que nous n’avons pas dit, tout ce que nous n’avons pas pu dire, voilà ce qu’il est rigoureux de faire entendre.

La critique est le devoir le plus impérieux de ce temps-ci ; c’est pour cela sans doute qu’elle est si rare ; la critique de toute chose, de toutes les idées, de tous les hommes ! Les arts sont abaissés, les âmes sont engourdies. Rien, dans les obstacles que la libre pensée peut trouver autour d’elle, n’est assez puissant pour justifier cette torpeur. Ce qui manque, ce n’est pas tant la liberté que la volonté d’avoir le cœur et l’esprit libres. Sans se heurter follement à des faits, il y a des idées dangereuses, des inepties triomphantes, des turpitudes glorifiées, des préjugés stupides qui trônent dans les livres, sur les théâtres, dans la rue, et que l’on devrait discuter sans relâche, combattre sans merci. Eu purifiant l’art, la littérature, la pensée publique ; en faisant de l’honnêteté la seule atmosphère respirable, on rendrait tout progrès facile. Car l’humanité ne peut pas se tenir toujours hors de la vie et s’étouffer, pour ne pas prendre d’air pur. C’est donc