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le moment on était débordé, mais que, dès que ce serait possible, on m’enverrait un ouvrier habile pour tout mettre au point. J’attendis plus de deux mois, supportant avec patience des sonnettes qui carillonnaient souvent sans qu’on y touchât, et qui à d’autres moments restaient muettes, malgré mes appels désespérés. Plusieurs fois je voulus écrire, et chaque fois je remis ; mais un beau jour je me décidai et déversai ma bile sous forme d’une lettre bien sentie ; puis je m’arrêtai subitement, convaincu qu’au magasin on commençait à penser à moi. Lorsque le lendemain matin je descendis déjeuner, le facteur n’avait pas emporté ma lettre, mais l’électricien était venu, avait fait son travail et disparu ! Il avait reçu des ordres la veille au soir, et était venu par un train de nuit.

Si c’est une « coïncidence », il a en tout cas fallu trois mois pour lui permettre de se réaliser.

L’année dernière, arrivé à Washington un soir, je descendis à Arlington-Hôtel et gagnai ma chambre. Je lus et fumai jusqu’à dix heures puis, n’éprouvant aucune envie de dormir, j’eus l’idée de prendre l’air. Je sortis malgré la pluie, et j’errai à travers les rues, en goûtant tout le plaisir de l’inconnu. Je savais que mon ami M. O… habitait la ville, et j’avais le désir de le rencontrer ; mais je