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C’est un bel homme aux épaules larges, et de plus un grand penseur ; vous avez pu l’apercevoir sur le quai des gares après le départ des trains qu’il venait de manquer ; car, comme tous ces spécialistes et ces savants, il est incapable de joindre la pratique à la théorie. Il m’a donc appris que cette taxe ne portait que sur les trois années écoulées et qu’elle s’élevait à deux et demi pour cent.

J’en restai stupéfait, et de nouveau me mis à étudier l’imprimé ; je voulais absolument trouver un remède à cette situation et j’étais décidé à mener la chose à bonne fin. Le texte de cet imprimé débutait poliment et courtoisement, comme d’ailleurs tous les documents anglais :

« À Mr Mark Twain : conformément aux actes du Parlement qui confèrent à Sa Majesté les droits et les profits, etc. »

À la première lecture je n’avais pas remarqué cette particularité. J’étais persuadé que le gouvernement me réclamait cette taxe, et je m’étais adressé, en conséquence, au gouvernement. Mais je venais de m’apercevoir qu’il s’agissait d’une affaire privée, d’une question d’intérêt intime, d’un revenu destiné à Votre Majesté et non au gouvernement. Mon avis est qu’il vaut toujours mieux s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints, et je suis