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servie. — La vue de cet intérieur somptueux ne me révèle pas seulement l’étendue de vos richesses ; elle me pénètre jusqu’à la moelle des os, jusqu’au plus intime de mon être, en me convainquant de ma pauvreté, de mon intime et trop réelle misère.

Que le diable l’emporte avec son compliment ! Il me tira de ma torpeur et me rappela soudain que tout cet édifice somptueux était bâti sur terrain creux, sur une couche de sol à peine épaisse d’un centimètre, et minée par un cratère.

Je ne m’aperçus que trop que je rêvais, complètement perdu dans les nues.

Oui, voilà bien la triste réalité de ma situation : des dettes, rien que des dettes ; pas un sou vaillant devant moi ; une délicieuse jeune fille m’offre son cœur, trésor incomparable, moi, de mon côté, je ne puis mettre en ligne que des appointements plus que problématiques ! C’est bien fini ; je suis ruiné, perdu à tout jamais !

— Mais, Henri, reprit mon ami, une simple parcelle de vos revenus quotidiens suffirait à…

— De mes revenus quotidiens ? Tenez, asseyons-nous en face de cette bouteille de vieux whisky et causons ; mais, au fond, peut-être avez-vous faim ? Asseyez-vous en tout cas.

— Je n’ai pas faim et me sens peu d’appétit ces