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universel ; impossible de dire un mot sans qu’il fût répété de bouche en bouche ; impossible de remuer une jambe sans entendre autour de moi : « Tenez, le voilà, il va par là. » Pendant mes repas, on me regardait comme une bête curieuse ; à l’Opéra, mille lorgnettes étaient braquées sur ma loge. Bref, je nageais littéralement au milieu de la gloire et cela du matin au soir.

Malgré tout, je n’avais pas complètement renoncé à mes vieux vêtements, et, de temps à autre, je sortais dans mon piteux accoutrement des premiers jours faire des emplettes et encourir les rebuffades des marchands. Je me payais alors le plaisir d’estomaquer mon monde avec mon billet d’un million.

Mais cela ne dura pas, car les journaux illustrés me croquèrent si fidèlement qu’il me fut impossible de sortir sans être reconnu et suivi par la foule ; dès que je tentais de faire le moindre achat, on m’offrait à crédit le magasin tout entier avant même que j’aie eu le temps d’exhiber mon billet.

Sur ces entrefaites, je trouvai convenable d’aller remplir mes devoirs de bon patriote en me présentant au ministre d’Amérique. Il me fit un accueil des plus chaleureux, me reprocha de n’être pas venu le voir plutôt, ajoutant très aimablement que la meilleure façon de réparer mon oubli était