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seulement vous éviter la peine de me faire de la monnaie sur un gros billet.

Il changea de figure sensiblement, et me dit d’un air narquois :

— Je me permettrai de vous faire observer qu’il ne vous appartient pas de nous supposer incapables de changer votre billet de banque. Nous sommes parfaitement en mesure de le faire.

Je lui tendis le billet en disant : — C’est pour le mieux, veuillez donc m’excuser.

Il reçut l’argent avec un sourire, un de ces sourires larges et béants qui fendent la bouche jusqu’aux oreilles et vous font immédiatement penser aux rides cerclées que vous avez remarquées à la surface de l’eau lorsque vous jetez de grosses pierres dans un étang.

Au moment où il examina le billet, ce sourire se figea sur sa figure et il pâlit immédiatement ; on eût dit qu’un de ces torrents de lave qu’on rencontre sur les flancs du Vésuve venait de se solidifier sur son visage. Je n’avais jamais vu un homme aussi complètement pétrifié : il demeurait stupide et immobile, en extase devant ce billet.

Le patron du magasin s’approcha pour voir ce qui arrivait, et dit :