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plafond je vois des fresques peintes à l’huile. Dans les autres endroits de réunion, voici de grands panneaux en cuir de Cordoue repoussé, avec dessins où l’on n’a ménagé ni l’or ni le bronze. Partout, je découvre de riches assemblages de couleurs, — de la couleur, partout de la couleur ; tous les tons, toutes les teintes, toutes les variétés de couleurs.

Il en résulte que le bateau est clair et gai à l’œil, et que cette gaîté vous gagne l’âme en vous rendant joyeux. Pour bien apprécier la profonde impression que vous donne cette radieuse débauche de couleurs, il faut se tenir dehors, la nuit, dans l’épaisseur des ténèbres et la pluie, et regarder tout cela par un hublot, à la splendeur aveuglante de l’éclairage électrique.

Les vieux navires étaient sombres, laids, sans aucune grâce, d’une tristesse affreusement déprimante. Ils vous poussaient à un spleen inévitable. L’idée moderne est la bonne : entourer les passagers de confort, de luxe et d’une profusion de couleurs agréables à l’œil. Dans ces conditions, vous êtes presque tentés de dire qu’on ne se trouve nulle part mieux qu’à bord, — sauf peut-être chez soi.