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Au fond, que me voulaient ces deux messieurs ? Du bien ou du mal ? Impossible de le deviner. Ils s’amusaient certainement à mes dépens, dans un but déterminé. J’admets, mais comment percer leurs desseins ? Et ce pari engagé sur mon dos ! Mystère, comme tout le reste ! Si je demande à la banque d’Angleterre de porter ce billet au crédit de la personne à laquelle il appartient, la banque le fera certainement, car elle connaît le possesseur de ce billet ; mais elle ne manquera pas de me demander par quel hasard je détiens ce billet ; si je dis la vérité, on m’enfermera à l’asile des fous ; si je raconte une blague quelconque, on me bouclera en prison. De toute façon, que j’essaie d’encaisser ce billet ou d’emprunter de l’argent en l’exhibant, le résultat sera le même : me voilà bel et bien condamné à trimbaler ce dépôt gênant jusqu’au retour de ces deux individus et cela, que je le veuille ou non ! Ma fortune passagère ne me sera d’aucune utilité, pas plus qu’une poignée de cendres ; je veillerai sur ce trésor et le couverai des yeux en mendiant péniblement ma vie.

Impossible pour moi de me débarrasser de cet argent ; aucun honnête homme ne voudrait l’accepter pour me tirer de ce mauvais pas.

Mes deux individus ne risquent rien : car, en