des toiles d’araignée, à injecter dans l’œil malade des gouttes de cette drogue, et à en administrer quelques cuillers, deux ou trois fois par jour. »
Ainsi finit cette prodigieuse aventure. Notre sage, avant de passer outre, ne perd pas l’occasion de décocher à son M. Turner cette remarque judicieuse, qu’il écrit en italiques pour lui donner plus de portée :
« Je dois faire observer, au sujet de cette histoire, que le plantain par sa vertu rafraîchissante était plus indiqué que les pansements chauds et les autres remèdes. »
Avouez que le récit semble peu ordinaire de nos jours ; il est parfaitement dans la bouche d’un médecin de haut renom qui envisage ce fait comme une découverte précieuse pour la science médicale ! Voilà bien des embarras, pendant deux semaines, pour une femme qui s’est échaudé un œil et les lèvres avec le suif de sa chandelle !… La pauvre créature est droguée à fond, saignée, frictionnée, turlupinée dans tous les sens, comme si tout cela pouvait y faire quelque chose ; et quand une charitable vieille matrone vient, après tout ce grabuge, apporter à ce cas très banal les soins de son gros bon sens, le savant ignorantin semble rire de son ignorance, dans la sereine inconscience de sa pro-