Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toute la nuit, prétendant que j’avais une mine assez louche ; que la lettre de crédit n’était assurément pas à moi ; que je ne savais pas même ce que c’était qu’une lettre de crédit ; que tout simplement j’avais vu le propriétaire de cette lettre l’oublier sur la table et que je voulais me la faire remettre, comme font d’ailleurs les individus qui ont la manie de prendre tout ce qu’ils trouvent, que cela puisse avoir de la valeur ou non. — Heureusement, le commissaire déclara qu’il ne trouvait rien de suspect à ma mine, que j’avais l’air assez inoffensif, tout au plus légèrement timbré. — Je le remerciai beaucoup ; il me rendit la liberté et je retournai à l’hôtel avec mes trois fiacres.

J’étais éreinté, et hors d’état de répondre décemment à un interrogatoire ; aussi, je résolus de ne pas déranger la caravane à une heure aussi tardive, d’autant que je savais qu’il y avait une chambre libre à l’autre bout du hall. Mais je n’eus pas le temps de gagner cette chambre ; on me guettait ; toute la bande commençait à s’inquiéter à mon sujet.

Je me trouvais dans de beaux draps !

Avec un air maussade et rébarbatif, la caravane était alignée sur quatre chaises, siégeant au milieu de châles et d’un tas de choses disparates,