appeler par un monsieur qui me cria : « Montez par ici, s’il vous plaît ! »
Un valet de chambre en grande livrée m’introduisit dans une pièce somptueuse où deux messieurs d’un certain âge étaient assis. Ils renvoyèrent le domestique et me firent asseoir : ils venaient à peine de terminer leur déjeuner ; la vue des restes du festin me tortura plus encore que la poire de tout à l’heure. Impossible de détacher mes yeux de cette table appétissante ! Pourtant, comme on ne m’invitait pas à goûter de ces mets, je dus faire tant bien que mal contre fortune bon cœur.
Avant mon arrivée, il s’était certainement passé entre ces deux messieurs quelque chose qui m’échappait en ce moment, mais dont je devais avoir l’explication plus tard. Les deux frères avaient probablement eu une chaude discussion quelques jours auparavant ; pour trancher la question, ils avaient fait un gros pari, comme tout bon Anglais qui se respecte !
Vous vous souvenez peut-être que la Banque d’Angleterre avait émis deux billets d’un million de livres sterling chacun, qui devaient servir à une transaction internationale ; pour une raison quelconque, un seul de ces billets avait été mis en circulation ; l’autre restait dans les caves de la ban-