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Au fond, je dois reconnaître que mes amis, tous sportsmen accomplis, se conduisirent très correctement à mon égard. Ils ne contestèrent pas l’identité de l’ours, mais ils le trouvèrent très petit. M. Deane, en sa qualité de tireur et de pêcheur émérite, reconnut que j’avais fait là un joli coup de fusil ; son opinion me flatta d’autant plus que personne n’a jamais pris autant de saumons que lui aux États-Unis et qu’il passe pour un chasseur très remarquable.

Pourtant il fit remarquer, sans succès d’ailleurs, après examen de la blessure de l’ours, qu’il en avait déjà vu d’analogues causées par des cornes de vache ! !

À ces paroles méprisantes, j’opposai le parapluie de mon indifférence. Lorsque je me couchai ce soir-là, exténué de fatigue, je m’endormis sur cette pensée délicieuse : « Aujourd’hui, j’ai tué un ours ! »