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ment, je pensai, la mort dans l’âme, à ma famille ; comme elle se compose de peu de membres, cette revue fut vite passée. La crainte de déplaire à ma femme ou de lui causer du chagrin dominait tous mes sentiments. Quelle serait son angoisse en entendant sonner les heures et en ne me voyant pas revenir ! Et que diraient les autres, en ne recevant pas leurs mûres à la fin de la journée ; Quelle douleur pour ma femme, lorsqu’elle apprendrait que j’avais été mangé par un ours ! Cette seule pensée m’humilia : être la proie d’un ours ! Mais une autre préoccupation hantait mon esprit ! On n’est pas maître de son cerveau à ces moments-là ! Au milieu des dangers les plus graves, les idées les plus saugrenues se présentent à vous. Pressentant en moi-même le chagrin de mes amis, je cherchai à deviner l’épitaphe qu’ils feraient graver sur ma tombe, et arrêtai mon choix sur cette dernière :

CI-GIT UN TEL
MANGÉ PAR UN OURS
LE 20 AOUT 1877.