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placer, pris dans la forêt une toute petite fille, et l’aurait emmenée tendrement dans une grotte pour l’élever au miel et au lait. En grandissant, l’enfant mue par l’instinct héréditaire, se serait échappée, et serait revenue un beau jour chez ses parents qu’elle aurait guidés jusqu’à la demeure de l’ourse. (Cette partie de mon histoire demandait à être approfondie, car je ne vois pas bien à quoi l’enfant aurait pu reconnaître son père et dans quel langage elle se serait fait comprendre de lui.)

Quoi qu’il en soit, le père avait pris son fusil, et, suivant l’enfant ingrate, était entré dans la forêt ; il avait tué l’ourse qui ne se serait même pas défendue ; la pauvre bête en mourant avait adressé un regard de reproche à son meurtrier. La morale suivante s’imposait à mon histoire :

« Soyez bons envers les animaux. »

J’étais plongé dans ma rêverie, lorsque par hasard, je levai les yeux et vis devant moi à quelques mètres de la clairière… un ours ! Debout sur ses pattes de derrière, il faisait comme moi, il cueillait des mûres : d’une patte il tirait à lui les branches trop hautes, tandis que de l’autre il