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découvrit que les bielles de la locomotive s’étaient brisées sous la résistance du poids à déplacer. La route, eût-elle été libre, devenait impraticable pour nous !!

« Nous remontâmes dans le train, fatigués, mornes et découragés ; nous nous réunîmes autour des poêles pour examiner l’état de notre situation. Nous n’avions pas de provisions de bouche ; c’était là le plus clair de notre désastre ! Largement approvisionnés de bois, nous ne risquions pas de mourir de froid. C’était déjà une consolation.

« Après une longue délibération, nous reconnûmes que le conducteur du train disait vrai : en effet quiconque se serait risqué à parcourir à pied les cinquante lieues qui nous séparaient du village le plus rapproché aurait certainement trouvé la mort. Impossible de demander du secours, et l’eussions-nous demandé, personne ne serait venu à nous. Il nous fallait donc nous résigner et attendre patiemment du secours ou la mort par la faim ; je puis certifier que cette triste perspective suffisait à ébranler le cœur le plus stoïque.

« Notre conversation, pourtant bruyante, pro-