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connaissance et comme nous paraissions tous de bonne humeur, une certaine intimité ne tarda pas à s’établir entre nous.

« Le voyage s’annonçait bien ; et pas un d’entre nous ne pouvait pressentir les horribles instants que nous devions bientôt traverser.

« À 11 heures, il neigeait ferme. Peu après avoir quitté le village de Welden, nous entrâmes dans les interminables prairies désertes qui s’étendent horriblement monotones pendant des lieues et des lieues ; le vent soufflait avec violence, car il ne rencontrait aucun obstacle sur sa route, ni arbres, ni collines, ni même un rocher isolé ; il chassait devant lui la neige qui tombait en rafales et formait sous nos yeux un tapis épais. Elle tombait dru, cette neige, et le ralentissement du train nous indiquait assez que la locomotive avait peine à lutter contre la résistance croissante des éléments. Le train stoppa plusieurs fois et nous vîmes au-dessus de nos têtes un double rempart de neige aveuglant de blancheur, triste comme un mur de prison.

« Les conversations cessèrent ; la gaieté fit place à l’angoisse ; la perspective d’être murés par la