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Assemblées législatives. À une des stations suivantes deux hommes s’arrêtèrent près de nous et l’un d’eux dit à l’autre :

« Harris, si vous faites cela pour moi, je ne l’oublierai de ma vie. »

Les yeux de mon nouveau compagnon de voyage brillèrent d’un singulier éclat ; à n’en pas douter, ces simples mots venaient d’évoquer chez lui quelque vieux souvenir. Ensuite son visage redevint calme, presque pensif. Il se tourna vers moi et me dit :

— Laissez-moi vous conter une histoire, vous dévoiler un chapitre secret de ma vie, une page que j’avais enterrée au fin fond de moi-même. Écoutez-moi patiemment, et ne m’interrompez pas.

Je promis de l’écouter ; il me raconta l’aventure suivante, avec des alternatives d’animation et de mélancolie, mais toujours avec beaucoup de persuasion et un grand sérieux.

Récit de cet étranger :

« Le 19 décembre 1853, je quittai Saint-Louis par le train du soir qui va à Chicago. Tous compris, nous n’étions que vingt-quatre voyageurs hommes ; ni femmes ni enfants ; nous fîmes vite