Page:Twain - Plus fort que Sherlock Holmès.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
plus fort que sherlock holmès

plus cruelles que les précédentes et renouvelait sa même question. Elle répondait invariablement : « Jamais mon père n’apprendra rien de ma bouche. » Elle en profitait pour le railler sur son origine, et lui rappeler qu’elle était, de par la loi, l’esclave d’un fils d’esclaves, qu’elle obéirait, mais qu’il n’obtiendrait d’elle rien de plus. Il pouvait la tuer s’il voulait, mais non la dompter ; son sang et l’éducation qui avait formé son caractère l’empêcheraient de faiblir.

Au bout de trois mois, il lui dit d’un air courroucé et sombre : « J’ai essayé de tout, sauf d’un moyen pour vous dompter » ; puis il attendit la réponse.

— Essayez de ce dernier, répliqua-t-elle en le toisant d’un regard plein de dédain.

Cette nuit-là, il se leva vers minuit, s’habilla, et lui commanda :

« Levez-vous et apprêtez-vous à sortir. »

Comme toujours, elle obéit sans un mot.

Il la conduisit à un mille environ de la maison, et se mit à la battre non loin de la grande route. Cette fois elle cria et chercha à se défendre. Il la bâillonna, lui cravacha la figure, et