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ROBIN HOOD.

ce signal, car il retira aussitôt sa jaquette et son pantalon, transforma une de ses bretelles en ceinture, puis écarta quelques branches mortes amassées près de l’arche de Noé. Cette seconde cachette renfermait une arbalète, une flèche, un sabre de bois et un cornet à bouquin. En un clin d’œil, notre héros saisit ces objets et bondit en avant, les jambes nues. Arrivé sous un grand orme, il s’arrêta et fit résonner son cor. Après avoir ainsi bruyamment prévenu l’ennemi de sa présence, il dit à voix basse à des compagnons invisibles :


Armé en guerre.
— Silence, mes braves archers ! Ne bougez pas et attendez le signal.

Alors il s’avança sur la pointe des pieds, regardant avec précaution autour de lui. Au bout de quelques minutes, apparut Joe Harper, aussi légèrement vêtu et aussi formidablement armé que son camarade.

— Arrête ! s’écria Tom. Qui donc a l’audace de pénétrer dans la forêt de Sherwood sans mon autorisation ?

— Sache que Guy de Gisborne n’a besoin de l’autorisation de personne ! Et qui donc es-tu pour… pour…

— Pour oser me tenir un pareil langage ? souffla Tom, car dans leur jeu improvisé nos écoliers se conformaient au texte d’un livre qu’ils avaient lu plus d’une fois.

— Pour oser me tenir un pareil langage ? répéta Joe.

— Qui je suis, maraud ? Je suis Robin Hood, ainsi que tu l’apprendras à tes dépens, pour peu que tu tentes de poursuivre ta route.