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COMMENT ON SE DÉBARRASSE DES POIREAUX.

une grosse pierre qui l’aurait assommée si elle n’avait pas baissé la tête. Eh bien, ce jour-là il s’est cassé un bras en tombant dans un fossé, à dix pas du cabaret.

— Comment a-t-il su qu’elle lui jetait un sort ?

— Il ne faut pas être bien malin pour le deviner. Elle le regardait de travers et marmottait, signe qu’elle récitait une prière à rebours.

— Et quand comptes-tu essayer ton chat, Huck ?
La mère Hopkins.

— Ce soir. J’ai idée qu’ils viendront chercher le vieux Williams à minuit.

— Mais on l’a enterré hier.

— Est-ce que tu te figures que le diable pourrait emporter quelqu’un le dimanche ?

— Je ne pensais pas à ça. Laisse-moi aller avec toi, hein ?

— Je veux bien, si tu n’as pas peur.

— Peur, moi ? s’écria Tom d’un ton indigné. Tu me préviendras ce soir en miaulant. Viens me chercher, et tu verras si j’ai peur.

— Convenu. Tu miauleras à ton tour dès que tu m’entendras. La dernière fois, tu m’as tenu si longtemps à faire miaoû que le père Hayes a ouvert sa fenêtre et m’a flanqué une bouteille vide à la tête en m’appelant vilain matou. Pour ne pas être en reste avec lui, je lui ai envoyé une brique qui a cassé au moins un carreau.

— Sois tranquille. L’autre soir, je n’ai pas pu te répondre parce que tante Polly veillait. Tiens, tu as de la chance ! Où as-tu ramassé ce cheval d’or ? Qu’est-ce que tu en veux ?

— Je veux le garder.

— Il est joliment petit.

— Oui, oui, tout le monde peut débiner un cheval d’or qui ne lui appartient pas.