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LES RÉVÉLATIONS DE HUCK.

— Ouf ! dit Tom après avoir poussé la charrette derrière un tas de fagots, nous la laisserons là jusqu’à demain matin. Je suis trop fatigué pour la ramener ce soir. D’ailleurs, il y a des lumières à toutes les croisées de la maison. Mme Douglas donne à souper, et le bruit des roues pourrait attirer l’attention des domestiques.

Au moment où les deux gamins sortaient du hangar, ils furent arrêtés par le Gallois, qui se dirigeait vers la maison.

— Qui va là ? demanda le fermier.

— Huck et Tom Sawyer.

— Voilà qui est heureux. Il y a deux heures que je vous cherche. Venez avec moi, garçons. On vous attend chez la veuve.

Tom, intrigué, voulut savoir pourquoi on les attendait.

— Vous le saurez quand nous serons chez la veuve Douglas, répondit le vieillard, qui saisit les deux enfants par le collet.

— Monsieur Jones, je n’ai rien fait, dit Huck non sans une certaine appréhension, car il était habitué à se voir injustement accusé d’une foule de méfaits.

Le Gallois se mit à rire.

— Je n’en répondrai pas, Huck, je n’en répondrai pas, dit-il. Est-ce que la veuve et toi n’êtes pas bons amis ?

— Elle a été joliment bonne pour moi, en tout cas. Elle m’a soigné quand j’avais la fièvre.

— Eh bien, pourquoi aurais-tu peur ?

Huck cherchait encore une réponse à cette question quand il se vit poussé, en compagnie de Tom, dans le salon de Mme Douglas.

Le salon était brillamment éclairé, et tous les gens bien posés de la ville s’y trouvaient réunis : les Thatcher, les Harper, les Rogers, tante Polly, Sid, Marie, le pasteur, le rédacteur du journal de la localité, et bien d’autres. La veuve accueillit les nouveaux venus aussi cordialement que l’on peut accueillir des personnages d’une mise