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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

en prison avant la fin du jour ; rien ne l’empêcherait donc d’aller cette nuit même avec Tom pour s’emparer de la caisse.

Le déjeuner était à peine terminé, que l’on frappa à la porte. Huck courut se cacher dans le lit que l’on venait de lui offrir. Il ne tenait pas à être mêlé d’une façon quelconque aux incidents de la veille. Le Gallois ouvrit aux personnes qui lui rendaient visite et parmi lesquelles se trouvait la veuve Douglas. Il remarqua qu’un grand nombre de curieux grimpaient déjà le long de la colline pour contempler les murs de la maison qui avait failli être le théâtre d’un assassinat. Le vieillard dut raconter toute l’affaire à ses visiteurs. La veuve le combla de remerciements très sincères.

— Nous ne méritons pas tant d’éloges, madame, répliqua le Gallois. Il y a une autre personne à qui vous êtes plus redevable qu’à moi ou à mes fils ; mais elle ne veut pas que je la nomme. Nous ne serions jamais montés là-haut sans elle.

Ce mystère excita naturellement une curiosité si vive, qu’elle amoindrit un peu l’intérêt soulevé par la question principale. Le Gallois n’était pas homme à manquer à sa parole, et il garda son secret. Lorsqu’il eut fourni des détails sur le reste de l’aventure, Mme Douglas lui demanda :

— Pourquoi ne m’avez-vous pas prévenue ? J’ai dormi tranquillement tandis que vous vous donniez tant de mal.

— Nous avons jugé qu’il valait mieux ne pas vous alarmer. Il était plus que probable que ces bandits ne songeraient pas à revenir — ils avaient perdu leurs outils. À quoi bon vous effrayer ? Mes trois nègres ont monté la garde autour de votre maison jusqu’au jour. Ils viennent seulement de rentrer.

D’autres visiteurs arrivèrent, et le Gallois, ainsi que ses deux fils, fut enchanté lorsqu’il fallut se rendre à l’église, car tous les trois étaient las de répéter la même histoire.