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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

je vous ai indiqué. Là, ils se sont assis par terre pour causer. C’est alors que j’ai entendu l’Espagnol dire ce que je vous ai raconté.

— Comment, c’est le sourd-muet qui a dit tout cela ?

Huck venait de commettre une nouvelle bévue. Il s’efforçait de ne pas prononcer une parole qui pût révéler l’identité du faux Espagnol ; mais sa langue le trahissait. Il eut beau tenter de réparer sa maladresse, il ne fit que s’embourber davantage.


C’est Joe l’Indien !
— Mon garçon, dit le Gallois, tu n’as pas l’habitude de mentir et je t’en félicite. Tu en sais plus long que tu ne veux l’avouer sur le compte de cet Espagnol, et tu n’ignorais pas hier qu’il n’est ni sourd ni muet. Tu ne peux pas cacher cela. Voyons, aie confiance en moi. Loin de t’exposer au moindre danger, je te protégerai.

Huck contempla un instant le visage franc et loyal du vieillard ; il se pencha en avant et lui dit à l’oreille :

— Ce n’est pas un Espagnol, c’est Joe l’Indien !

Le Gallois se leva d’un bond.

— Tout s’éclaircit maintenant ! Lorsque tu as parlé de nez fendus et d’oreilles coupées, j’ai cru que tu y mettais du tien, car les blancs n’ont guère l’habitude de se venger ainsi. Mais un Indien, c’est une autre histoire !

Pendant le déjeuner, l’entretien continua et le vieillard raconta à Huck que la veille, avant de se coucher, il avait allumé une lanterne et était allé avec ses fils examiner le terrain dans le voisinage de la porte