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LE PIQUE-NIQUE.

Le repas terminé, on se reposa à l’ombre des chênes. Au bout d’une demi-heure quelqu’un cria :

— Qui veut visiter la caverne de Mac-Dougal ?

— Moi ! moi ! moi !

Tout le monde voulait visiter la caverne. En prévision de cette réponse unanime, M. Thatcher avait ajouté aux vivres des paquets de chandelles qui furent distribuées, et aussitôt on monta à l’escalade. La grotte s’ouvrait à une certaine hauteur sur une colline dénudée, à peu de distance du bois où l’on venait de dîner. On y pénétrait par une ouverture qui avait la forme de la lettre A. La lourde porte en chêne massif était grande ouverte. Derrière s’étendait une vaste cave formée par des murs calcaires. Il y avait quelque chose de romanesque, de mystérieux à se tenir là dans une obscurité profonde, contemplant la vallée verdoyante qui brillait au soleil. Mais ce contraste cessa bientôt d’impressionner les jeunes spectateurs et les jeux recommencèrent. Dès que l’un d’eux allumait une chandelle, il devenait l’objet d’une attaque générale. Il avait beau opposer une défense intrépide, la chandelle était vite éteinte ou renversée. Alors les éclats de rire retentissaient et une nouvelle chasse commençait. Mais tout a une fin. Au bout d’un quart d’heure les visiteurs descendirent la pente assez raide de ce que l’on nommait « le vestibule ». La clarté des nombreuses lumières révélait vaguement les murs élevés qui se dressaient à une hauteur de soixante pieds. Ce vestibule n’avait guère plus de huit à dix pieds de large. De loin en loin des couloirs non moins élevés, mais plus étroits, formaient des embranchements de chaque côté. La caverne de Mac-Dougal n’était en réalité qu’un vaste labyrinthe d’allées tortueuses qui se ramifiaient les unes dans les autres et ne conduisaient nulle part. On disait que l’on pouvait y errer pendant des journées et des nuits entières à travers un réseau embrouillé d’avenues sans arriver au fond de la cave. Personne ne se vantait de la connaître.