Page:Twain - Les aventures de Tom Sawyer, trad Hughes, illust Sirouy, 1884.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
LE NUMÉRO DEUX.

Tom partit aussitôt au pas de course, car il ne tenait pas trop à se montrer en compagnie de Huck dans les endroits publics. Son absence ne dura guère qu’une demi-heure. Il découvrit qu’à l’Hôtel Washington le numéro deux était occupé depuis plusieurs mois par un avocat. Dans la seconde auberge, connue sous le nom de Taverne de la Tempérance, la chambre portant le numéro deux semblait plus mystérieuse. Le jeune fils du tavernier raconta à Tom qu’elle restait presque toujours fermée et que personne n’y logeait ; il y était entré une fois par curiosité et n’avait vu que des tonneaux — des tonneaux vides naturellement, puisque son père ne vendait pas de liqueurs fortes ; on prétendait que le numéro deux était hanté, mais il ne croyait pas aux fantômes ; pourtant il y avait vu une lumière la veille au soir.

— Voilà ce que j’ai découvert, Huck, dit Tom à son ami. Je me figure que nous tenons l’endroit que nous cherchons.

— Ça m’en a l’air, et après ?

— Après ? Tu vas voir. La porte de derrière de ce numéro deux-là donne dans la petite allée qui se trouve entre la taverne et l’atelier du charron. Eh bien, j’ai prévenu le fils du tavernier que nous viendrons ce soir faire une partie de cache-cache. En jouant nous pourrons peut-être nous rapprocher de la chambre et la visiter.

— Je n’oserai jamais, dit Huck.

— Je m’en charge, répliqua l’intrépide Tom. En attendant, tu feras bien de rôder dans les environs jusqu’à la nuit, car Joe l’Indien ne doit pas avoir quitté la ville. Si tu le vois entrer dans la taverne, nous serons sûrs que c’est là sa cachette. Surveille donc ; il n’y a pas d’autre moyen de reprendre notre trésor.

— Tu as raison, Tom ; je vais guetter et ouvrir l’œil jusqu’à demain, s’il le faut.

— Ne caponne pas et nous serons riches.

Tom et Huck se retrouvèrent le soir, et ce dernier fit son rapport.