les pieds dans l’eau et ayant l’air de fort mauvaise humeur. Tom se décida à ne pas aborder le premier la question. Si Huck ne faisait aucune allusion à la maison hantée, cela prouverait qu’il ne s’agissait que d’un rêve.
— Holà, Huck !
— Holà, toi-même !
Un intervalle de silence suivit cet échange de politesses.
— Tom, dit enfin Huck, si nous avions seulement laissé cette fichue pioche dans le bois, nous tiendrions le trésor.
— Alors, ce n’est pas un rêve ?
— Qu’est-ce qui n’est pas un rêve ?
— Notre histoire d’hier.
— Un rêve ! Si cet escalier avait été plus solide, tu aurais bien vite su à quoi t’en tenir. Ne me parle pas de rêves ; j’en ai eu assez toute la nuit. Ce gredin d’Espagnol m’a noyé à deux ou trois reprises ; que le diable l’emporte !
— Non, non. Si le diable l’emportait, comment retrouverions-nous la boîte ?
— Nous ne la trouverons jamais, Tom. Un individu n’a pas une chance pareille deux fois dans sa vie.
— C’est égal ; il faudra guetter Joe l’Indien et tâcher de le suivre jusqu’à son numéro deux.
— Ah ! j’ai pensé au numéro deux ; mais je ne suis pas plus avancé. Qu’est-ce que ça peut vouloir dire ?
— Ce n’est pas une maison, car il n’y a pas de numéros à nos maisons, comme dans les grandes villes.
— J’y suis ! s’écria Huck. Dans les auberges on met un numéro sur la porte des chambres.
— Tu as deviné, Huck ! Il n’y a que deux auberges à Saint-Pétersbourg. Nous en aurons bientôt le cœur net. Attends-moi.