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LE TRÉSOR CACHÉ.

la fameuse bande de Muriel a gîté par ici et nous sommes payés pour le croire.

— Que ce soit l’argent de Muriel ou d’un autre, peu nous importe. Maintenant nous pouvons filer sans nous occuper de l’autre affaire.

Joe fronça les sourcils.

— Tu ne me connais pas, dit-il. On m’appelle Joe l’Indien, et ce n’est pas pour rien que j’ai du sang indien dans les veines, ajouta-t-il, tandis qu’une lueur sinistre faisait briller ses yeux. Il ne s’agit pas simplement d’un vol, mais d’une vengeance, et pour me venger j’ai besoin de toi.

— Soit ; j’ai promis, je tiendrai ; mais une fois l’affaire faite ou abandonnée, ne compte plus sur moi.

— L’affaire faite, tu iras au diable, si bon te semble.

— C’est entendu. En attendant, remettrons-nous cette caisse à sa place ?

— Oui. (Joie indicible chez les jeunes auditeurs d’en haut.) Non, par le grand Sachem, non ! (Consternation profonde des mêmes auditeurs.) J’avais presque oublié. Tu n’as donc pas remarqué qu’il y a de la terre fraîche sur la pioche ? Vois, il y en a aussi sur la pelle. Qui diable a pu poser là ces outils ? Ils ne s’en sont pas servis ici ; mais cela me paraît louche. Ils reviendront sans doute, et ils trouveraient bien vite la piste. Leur laisser les écus ? Pas si bêtes ; nous allons les emporter.

— Au numéro un ?

— Non ; au numéro deux, sous la croix, où les curieux ne sont pas à craindre.

— Dans ce cas, il n’y a pas de temps à perdre ; il ne fait plus très clair et nous pouvons partir.

Joe l’Indien alla d’une fenêtre à l’autre et examina l’horizon.

— Le champ est libre, dit-il, après avoir terminé son inspection. Mais, encore une fois, d’où diable viennent ces outils ? Ils n’étaient