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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

d’un œil de convoitise chacun des mouvements de Joe. Quelle chance ! Cela dépassait tout ce que leur imagination avait rêvé. Six cents dollars ! Il y avait là de quoi enrichir une demi-douzaine d’individus. Jamais une chasse au trésor ne s’était présentée sous de meilleurs auspices. Plus d’ennuyeuse incertitude au sujet de l’endroit où il fallait creuser. Ils se donnaient des coups de coude — des coups de coude éloquents et faciles à comprendre, car ils signifiaient simplement : comme nous avons bien fait de venir ici !

Le couteau de Joe rencontra un obstacle.

— Ohé ! s’écria-t-il.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda l’autre.

— Une planche à moitié pourrie. Non, une boîte ; aide-moi un peu… Ce n’est pas la peine, j’ai troué le bois.

Il allongea le bras et se releva brusquement.

— Compère, c’est de l’or !

L’Indien et son ami examinèrent la poignée de pièces de monnaie que le premier venait de retirer de la caisse. C’était bien de l’or. Les témoins-invisibles de leur trouvaille étaient aussi excités et aussi ravis qu’eux.

— Une vraie mine d’or, si le coffre est plein ! s’écria Joe.

— Nous saurons vite à quoi nous en tenir, dit son camarade. Il y a une vieille pioche rouillée là-bas au milieu des mauvaises herbes — je l’ai vue en entrant.

Il courut vers le coin qu’il venait de désigner et apporta les outils des enfants. Joe prit la pioche, l’examina d’un œil scrutateur, murmura quelques mots et commença à s’en servir.

La boîte fut bientôt déterrée. Elle n’était pas très grande ; garnie de bandes de fer, elle avait dû être fort solide avant que l’humidité eût atteint le bois.

— Il y a là des milliers de dollars, s’écria Joe. J’ai entendu dire que