Page:Twain - Les aventures de Tom Sawyer, trad Hughes, illust Sirouy, 1884.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
LES AVENTURES DE TOM SAWYER.


XXIV

LA MAISON HANTÉE.


Il y a, dans l’existence de tout jeune Américain bien constitué, un moment où il éprouve une envie irrésistible de déterrer un trésor. Cette heure psychologique sonna un beau jour pour Tom. Il parcourut la ville à la recherche de Joe Harper sans parvenir à le rencontrer. Il se rendit alors chez Ben Rogers ; mais Ben ne voulut pas renoncer à une partie de pêche projetée la veille. Huck Finn lui tomba sous la main et il résolut, faute de mieux, de prendre pour collaborateur son ex-lieutenant. Huck ne se fit pas prier. Il ne refusait jamais de s’embarquer dans une entreprise qui n’exigeait aucun capital ; ses loisirs lui pesaient, et pour lui le temps n’était pas de l’argent.

— Je ne demande pas mieux que de déterrer un trésor, dit-il. Où creuserons-nous ? demanda-t-il.

— N’importe où, répliqua Tom.

— Est-ce qu’il y a des trésors partout ?

— Non, ma foi ! On les cache souvent dans de drôles d’endroits, Huck — quelquefois dans une île déserte ; quelquefois dans une caisse que l’on enterre sous un arbre, juste à la place où l’ombre d’une branche morte tombe à minuit ; quelquefois sous le plancher d’une maison hantée — c’est plus sûr, parce que beaucoup de gens ont peur d’entrer dans ces maisons-là.

— Qui est-ce qui cache le trésor ?

— Les voleurs, parbleu !

— Ils ne viennent donc pas le reprendre ?