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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.


XXII

LE PROCÈS.


L’heure des vacances sonna. Tom, comme toutes les années du reste, reconnut qu’elles ne contribuaient pas à lui faire paraître les jours moins longs. La rougeole avait sévi à Saint-Pétersbourg ; le pique-nique avait été ajourné, et Becky était retournée à Constantinople, où elle devait passer une partie des vacances chez un de ses oncles. Les cirques, les ménageries nomades oubliaient le chemin de la ville. Aussi l’existence semblait-elle bien terne a notre héros. Enfin Saint-Pétersbourg sortit de sa somnolence, grâce au procès de Jack Potter, qui redevint bientôt le sujet de toutes les conversations. Tom, qui avait presque réussi à étouffer ses terreurs, aurait préféré que l’on parlât de tout autre chose. Sa conscience troublée lui donnait à croire que les remarques que l’on faisait en sa présence étaient des ballons d’essai lancés à son adresse. Quoiqu’il n’eût pas le moindre motif pour supposer qu’on le soupçonnât de pouvoir fournir des renseignements sur l’assassinat, ces commérages le mettaient mal à l’aise et amenaient une sueur froide sur son front. Il finit un jour par entraîner Huck dans un endroit désert. Il sentait que ce serait un soulagement pour lui de desceller sa langue, et il tenait en outre à savoir si son ami avait gardé le secret.

— Huck, tu n’as parlé à personne de cette histoire ? demanda-t-il.

— Naturellement, je n’en ai pas parlé.

— Pas un mot ?

— Pas l’ombre d’un mot.