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TOM SE RÉHABILITE.

— Ma tante, je reconnais maintenant que j’ai mal agi, mais je ne croyais pas agir si mal. Vrai ! D’ailleurs je ne suis pas revenu ce soir-là pour rire de ton chagrin.

— Pourquoi es-tu revenu alors ?

— Je voulais te dire de ne pas t’inquiéter, parce que nous n’étions pas noyés du tout.

— Ne mens pas, Tom. Je remercierais le ciel si je pouvais croire que tu as eu cette bonne idée.

— Ce n’est pas un mensonge, ma tante, c’est la vérité vraie. Je t’assure que je voulais t’empêcher de te chagriner. Je ne suis pas venu pour autre chose.

— Je donnerais beaucoup pour en être certaine. Cela couvrirait une foule de péchés, Tom, et je ne t’en voudrais presque plus. Mais ce n’est pas croyable, puisque tu n’as rien fait pour dissiper nos craintes.

— Vois-tu, ma tante, quand tu as parlé des funérailles, j’ai pensé que ce serait drôle de surprendre tout le monde en nous cachant dans l’église, et la surprise aurait été gâtée si j’avais parlé. Alors j’ai remis l’écorce dans ma poche et je n’ai pas desserré les dents.

— Quelle écorce ?

— L’écorce sur laquelle j’avais écrit pour te dire que nous étions devenus pirates. Je suis fâché maintenant que tu ne te sois pas réveillée lorsque je t’ai embrassée, vrai !

Le visage de la vieille dame se rasséréna ; elle regarda Tom d’un œil attendri.

— Alors tu m’as embrassée, Tom ? Ce n’est pas encore là une de tes histoires ?

— Non, ma tante ; et j’ai eu joliment peur de te réveiller.

— Pourquoi m’as-tu embrassée ?

— Parce que cela me faisait de la peine de t’entendre marmonner.