Page:Twain - Les aventures de Tom Sawyer, trad Hughes, illust Sirouy, 1884.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

— Laisse-moi me rappeler… Tu lui as dis d’aller fermer la porte.

— Bonté du ciel, je n’ai jamais rien entendu de pareil ! Qu’on vienne encore me rabâcher qu’il ne faut pas croire aux rêves ! Je raconterai cela à Mme Harper avant que je sois plus vieille d’une heure. Nous verrons si elle soutiendra encore que ce sont des histoires à dormir debout. Continue, Tom !

— Oui, ma tante. Cela me revient maintenant comme en plein jour. Ensuite tu as dit que je n’avais pas mauvais cœur au fond, seulement un peu écervelé et pas plus responsable qu’un… qu’un poulain, je crois.

— C’est bien cela ! s’écria tante Polly, de plus en plus émerveillée. Après ?

— Après, tu as commencé à pleurer.

— Oui, et pas pour la première fois non plus. Après ?

— Après, Mme Harper s’est mise à pleurer aussi et elle a dit que Joe n’était pas plus méchant que moi, et qu’elle se mordait les pouces de l’avoir battu à cause d’une jatte de lait qu’elle avait jetée elle-même…

— Tom, ton rêve était une prophétie, ni plus ni moins. Continue.

— Alors Sid a dit…

— Moi ? Je n’ai pas ouvert la bouche, interrompit Sid, ou du moins je ne m’en souviens pas.

— Si, tu as dit quelque chose, répliqua sa cousine.

— Tais-toi et laisse parler Tom ! s’écria tante Polly. Qu’est-ce que Sid a dit, Tom ?

— Il a dit que si je m’étais mieux conduit…

— Mot pour mot ! Je n’en reviens pas !

— Et tu l’as rembarré, raide ! Ensuite, Mme Harper t’a rappelé comment Joe l’avait effrayée en lui lâchant un pétard sous le nez, et toi, tu as parlé de l’histoire de Roméo et de l’élixir. À la fin on a causé de l’affaire de dimanche, ce qui m’a décidé à revenir.