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LE RÊVE DE TOM.

— Tant pis. Sid y aurait songé.

— Voyons, ma tante, tu sais bien que je t’aime.

— Je le saurais mieux si tu agissais en conséquence.

— Eh bien, je suis fâché de n’y avoir pas pensé, reprit Tom. En tout cas, j’ai rêvé de toi. C’est quelque chose, hein ?

— Pas grand’chose ; les chiens et les chats rêvent ; enfin, ça vaut mieux que rien. Qu’est-ce que tu as rêvé ?

— Attends un peu que je me rappelle… Mercredi soir, j’ai rêvé que tu étais assise là, près du lit ; Sid bâillait sur le coffre à bois, et Marie pleurait à côté de lui.

— Comme tous les soirs depuis ton départ. Ton rêve n’a rien d’extraordinaire. C’est égal, je suis contente que tu aies pensé à nous, même dans ton sommeil.

— Et j’ai rêvé que la mère de Joe Harper était ici.

— Justement, elle y était ! s’écria tante Polly. As-tu rêvé autre chose ?

— Des tas de choses ; mais je ne m’en souviens pas très bien.

— Tâche de te rappeler.

— Il m’a semblé qu’un courant d’air soufflait du côté du… du côté de…

— Cherche encore, Tom. Le vent a, en effet, soufflé.

Tom pressa la main contre son front pendant une minute, comme s’il s’efforçait de rassembler ses souvenirs, puis il dit :

— J’y suis maintenant. Le vent a presque éteint la chandelle.

— Miséricorde ! Continue, Tom, continue !

— Et il m’a semblé alors que tu disais : « Bon, la porte est ouverte ! »

— Aussi sûr que je suis assise là, ce sont mes propres paroles, N’est-ce pas, Marie ? Continue donc, Tom.

— Et puis… et puis tu as envoyé Sid…

— Où ai-je envoyé Sid ?